Ne pas oublier que la Region du "Touat" dans la proximite de Tafilalet plustot sud Marocain non restitue par l"Algerie qui l"avait promis au sultant du Maroc car ce "decoupage" avantageux provenait de la puissance coloniale francaise
(regarder une carte ) Cette region du Touat bien avant l"arrivee des Arabes etait pratiquement un etat Juif depuis la diaspora de 70
(destruction du temple par les romains) et qu·il etait remarquablement admininistre avec une production d·eau des "foggaras "
"les arabos musulmans trouverent dans ce pays ceux qui l·avaient mis en culture les beni Israel "les Touats" ils finirent bien sur a l"etat de dhimis jusqu·a l"arrivee des Francais qui les libererent
Q. À quand remonte la présence des Juifs au Sahara ?
R. Les premières incursions des Juifs en Afrique du Nord, bien antérieures à la Conquête arabe, remontent au temps des Phéniciens, ces navigateurs qui ont commencé à fréquenter les côtes méditerranéennes du continent noir, tout comme en témoignent certains éléments épigraphiques et objets ouvrés retrouvés dans les
ruines de Carthage. Ils seront rejoints par des milliers d’autres Juifs, persécutés et chassés au temps des Babyloniens et des Grecs, déportés et vendus dans les ports africains sous l’empire romain.
C’est à cette période, soit après la destruction du second Temple et surtout consécutivement aux guerres de Cyrénaïque (115 et 118), qu’un segment relativement important de la population juiveest partie vers l’ouest, longeant l’Atlas saharien, pour en fin de compte se disperser dans le Mzab, le Touat, le Dra’ et le Sous. L’exemple touatien, a sans doute été le modèle de réussite le plus étonnant.
Q. Que savons-nous du royaume juif du Touat ?
R. Le TOUAT (TOUAT-GOURARA-TIDIKELT, est aujourd’hui une province du Sahara algérien formant un quadrilataire de 400 km sur 120 km. Il se trouve à un millier de kilomètres de la Méditerranée, au sud de Tlemcen. Sa population, à l’origine constituée de Haratine d’origine africaine, de Berbères et de Juifs a, grâce à son dynamisme, engendré la prospérité de cette région, devenue la plaque tournante
du commerce caravanier transsaharien aux XIIe et XIVe siècles.
Très peu connue, l’histoire de cette région nous fut révélée surtout après l’arrivée des Français, en 1900 et la collecte des récits des chroniqueurs arabes locaux - peu suspects de complaisance - par A.G.P. Martini, qui permit de faire connaître quelques éléments de ce passé ressuscité :
- « Les Indigènes racontent que les ksour de Tamentit furent créés par les Juifs l’année de l’éléphant. C’est ainsi que les Arabes désignent l’année au cours de laquelle eut lieu l’expédition qu’Abraha, prince éthiopien, entreprit contre la Mecque pour renverser le temple de la Kaaba ;
Abraha montait un éléphant blanc.»
-« [Les] populations arabes trouvèrent dans ce pays une partie de celles qui l’avaient mis en culture dès le début : c’étaient les Bné Israël »
- d’après le voyageur Helal ben Messaoud, venu de Mossoul (Irak) au Touat en compagnie d’exilés juifs, (lequel) s’est arrêté en l’année 131 [748-749 apr. J.-C.] à Takhfif, que les Juifs avaient déjà évacué; il amenait avec lui des commerçants juifs qui s’y installèrent et
y résidèrent. Ils y trouvèrent mention sur les tombeaux des Juifs qui avaient abandonné ce pays,
que ceux-ci y étaient arrivés en l’année 4429 de la sortie d’Adam [...]. C’était vers l’an 5 après J.-
C. que les Juifs en question étaient arrivés à Takhfif »iv
- Mon hôte, le Mrabet Sidi Youssef, avait appris de son aïeul que ces Juifs avaient été les premiers habitants du Touat et qu’ils y existaient comme nation en 260 [905]. J’ai pu voir moi même
leurs synagogues et leurs boutiques à arcades».
Évidemment, ces chroniques ne renseignent pas plus sur les périodes antérieures aux premières arrivées de Musulmans au Touat -à partir de 901- que les sources d’origine hébraïque, assez discrètes en général (en dehors de quelques pièces datées des XIV et XV° siècles) provenant des autorités rabbiniques d’Alger et qui attestent
l’existence de relations entre les Juifs du Touat et les communautés de Tlemcen, d’Alger, de Sijilmassa, du Mzab, du Dra’…
Du reste, les éléments les plus probants ont été découverts hors du Touat, au cours du XX° siècle :
- La relation d’Antonio Malfante,*vi ce marchand génois envoyé à Tamentit en 1447 et qui reste l’unique témoin européen de la prospérité touatienne et du rôle joué par les Juifs.
- La lettre d’Is’haq ben Ibrahim al Touaty (1235), trouvée dans la Guenizah du Caireviiet qui fait état d’un commerce caravanier transitant par Tamentit entre Marrakech et Fustat-Le Caire, pour échanger safran, lingots d’or, et d’argent…, contre des perles, des foulards, des tapis…
- La stèle* de Mimoun ben Shmouel, ben Braham, ben Kouby, gravée en hébreu en 1390 et mise au jour à Tamentit en 1988.
Un chant d’Ahellilviii et qui glorifie un héros du nom de Salamo (Salomon)
- Le dynamisme des Touatiensviii, leur connaissance parfaite du Sahara avait servi leurs correspondants juifs majorquins, notamment les cartographes (Abraham Cresques, Mecia de Villadestes, Angelino Dulcert…) qui, grâce aux renseignements donnés par les caravaniers, ont pu dès les XIII-XIV° siècles, réaliser des map mondes et atlas beaucoup plus précis et complets que les traditionnels portulans : pour la première fois étaient mentionnés les noms TOUAT, BOUDA et
TSABIT.
Q. Comment ce royaume vient-il à disparaître ?
R. Si, au début du XVI°, le monde avait appris tout en même temps*viiil’existence et la fin du petit royaume, les détails de l’événement ne furent connus que grâce aux chroniques locales : en 1492, l’aventure des Juifs touatiens avait été brutalement interrompue par le fanatisme de certains de leurs voisins musulmans conduits par le Cheikh Abdelkrim El Meghili. Ce prédicateur tlemcénien installé à Tamentit en 1479 ne supportait pas d’y rencontrer des « Juifs arrogants » auxquels n’était pas appliqué, comme dans tout le Maghreb,
le statut infamant des dhimmis .* Il saisit vers 1490, le prétexte de la
construction (pourtant autorisée par le Qadi Al Asnouni ) d’une nouvelle
synagogue à Tamentit pour alerter les uléma*viii de Fès, Tlemcen, Ténès et Tunis ; deux réponses défavorables au projet constituèrent l’encouragement attendu par El Meghili pour soulever ses partisans, les pousser à détruire l’édifice et s’opposer toute résistance. Le succès inespéré de l’opération l’incita dès le lendemain, à ordonner le massacre : il promit 7 mitkals (environ 30 gr.)
d’or par tête de Juif assassiné.
Ainsi s’est terminée cette prodigieuse épopée des Juifs du Touat, dont les rares rescapés se sont partagés entre une adhésion à l’Islam, pour demeurer au Touat – ce fut le cas des Mohagrin*viii – et la fuite éperdue à travers le désert, pour tenter de rejoindre soit les communautés du nord (Mzab, Tafilalet, Dra’,
soit des groupements installés en Afrique noire (dont celui de Gao où El Meghili, réfugié après ses méfaits et sa fuite de Tamentit, tentera de les faire arrêter en 1496).
Q. Ces communautés au Touat se seraient donc dispersées en Afrique.
R. C’est ainsi que fut révélée la présence ancienne des Beni Israëlviii, près du lac Fati, dans la boucle du fleuve Niger et découverte, parmi les Touareg de l’Aïr,
Aujourd’hui, il ne fait guère de doute que nombre de forgerons sahariens - les Inaden du Hoggar et les M’almine de Mauritanie (appelés Ihoud jusque dans les années 1950)- sont issus de la diaspora des Juifs du Touat, en 1492. Beaucoup, du reste, paraissent avoir reçu en héritage les techniques et les motifs de décoration
traditionnels des Juifs du sud marocain.
Q. Que reste-t-il de cette extraordinaire épopée ?
R. au Touat, le réseau particulièrement ingénieux de foggara (canalisations souterraines), idéalement adapté au terrain, au climat et aux besoins en eau des agriculteurs et des éleveurs… et qui contribua grandement à la réussite économique et à la renommée du Touat.
Lihoud, Rjem Lihoudi, Theirat Lihoud…)
- Cette formule «le temps des Juifs », dont se servent encore les
Musulmans, pour évoquer la splendeur passée, l’abondance...
- A travers tout le Sahara, les nombreux descendants des rescapés qui
conservent le souvenir de leurs origines juives : Daga, Ida Ous’haq, Enaden…
- Le nom Tabeski (dérivé de Pessah) qu’ils ont donné à la plus importante fête musulmane.
- Sur tous les continents, les descendants des Juifs touatiens qui portent les patronymes Abani, Gourari, Tamesti, Touati (variantes : Ettouati, Touitou…Zenati …
- Ceux qui continuent à l’occasion de la fête de Pessah, à émettre le voeu, de se retrouver « L’an prochain à Tamentit », au lieu du classique « l’an prochain à Jérusalem »…